Posted by : Carine Janssens
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PresseAnnick Van Overstraeten : “ Le Pain Quotidien se tourne désormais uniquement vers la franchise ”
A la tête du Pain Quotidien depuis 2020, Annick Van Overstraeten évoque l’avenir d’une enseigne en pleine expansion. Moins en Belgique, où la chaine de restauration spécialisée en boulangerie préserve un total de 32 magasins, mais plus à l’international, avec un objectif de 30 ouvertures par an !
Comme toute enseigne axée sur la restauration « out of home «, Le Pain Quotidien a du naviguer en haute mer, s’efforçant de garder le cap face aux nombreuses vagues et tempêtes de ces trois dernières années. L’équipage a certes du laisser quelques marins à quai (on pense à la fermeture de nombreux points de vente en Grande-Bretagne) mais envisage l’année 2024 avec de sérieuses ambitions internationales, avec ni plus ni moins que l’ouverture de 30 points de vente par année ! En Belgique, son marché historique (l’entreprise est d’ailleurs toujours belge, grâce à l’actionnariat de private equity M80 et la holding industrielle et financière Cobepa), l’enseigne a maintenu à flot son parc de magasins, avec pas moins de 25 points de vente intégrés et 7 points de vente en franchise. Chez nous, l’enseigne a surtout investi dans la rénovation de magasins et l’agrandissement des surfaces, et envisage l’expansion uniquement sous forme de franchise. Le crédo du Pain Quotidien n’a quant à lui pas changé depuis sa création en 1990 : une enseigne de restauration spécialisée dans la boulangerie et la pâtisserie, avec un accent placé sur la qualité, la convivialité et l’authenticité. « Notre ADN permet clairement de nous distinguer de la concurrence «, fait remarquer Annick Van Overstraeten, CEO du Pain Quotidien, qui a fait auparavant les belles heures de Lunch Garden, également avec la casquette de CEO.
Aujourd’hui, vous envisagez le développement du Pain Quotidien uniquement en franchise, que cela soit en Belgique ou à l’international. Pourquoi uniquement ce modèle ?
Les franchisés connaissent généralement très bien leur ville et leur environnement. Par ailleurs, le patron franchisé a un lien plus fort avec ses collaborateurs, il est en effet présent au quotidien. De fait, le succès de la franchise se remarque par des résultats souvent supérieurs aux points de vente intégrés. Sur le marché belge, nous possédons déjà 25 points de vente intégrés. Ils nous permettent bien évidemment de tester nos produits et nos différentes formules mais le développement se fera uniquement en franchise. Nous offrons aujourd’hui du service aux franchisés, comme par exemple des innovations produits, l’information sur les normes à respecter, le développement d’un système de fidélité, des brand guidelines ou encore l’accès à nos systèmes informatiques.
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Quelles sont les conditions d’accès à la franchise Le Pain Quotidien ?
La formule la plus souple est celle de la location-gérance. Un entrepreneur loue donc les locaux, dans lesquels nous investissons au préalable dans les travaux. Il paye un droit d’entrée, des royalties et des redevances en fonction du chiffre d’affaires. Ceux qui ont les moyens d’investir peuvent par ailleurs choisir la deuxième formule, à savoir l’investissement dans l’aménagement du magasin. Ils nous versent également des royalties en fonction du chiffre d’affaires Nous offrons bien évidemment un accompagnement pour les deux formules. Par ailleurs, un franchisé peut également s’occuper d’une zone plus large, que cela soit une ville ou une région. L’idée pour nous est de signer un plan de développement sur deux à trois ans, avec des objectifs à atteindre en termes d’ouvertures.
Le profil du franchisé a-t-il évolué ?
Nous sommes plus régulièrement contactés par des groupes, qui possèdent plusieurs marques de restaurants et qui souhaitent compléter leur portefeuille avec une enseigne de boulangerie. Ces types de profils souhaitent plutôt une master franchise pour développer l’enseigne sur un pays. C’est le cas par exemple pour l’Arabie Saoudite, où un groupe a signé une licence avec Le Pain quotidien et possède notamment déjà une enseigne italienne, la chaîne de restaurants japonais Zuma et l’enseigne asiatique Roka. Par ailleurs, vu que l’argent n’est plus gratuit, un entrepreneur qui doit emprunter a moins de facilités et frappe donc moins automatiquement à notre porte. La situation économique actuelle explique pourquoi la location-gérance est une manière d’entrer dans la franchise sans prendre trop de risques pour un jeune entrepreneur.
Voyez-vous encore du potentiel pour des implantations sur le territoire belge ?
Le Pain Quotidien est présent dans des grandes villes comme Bruxelles et Anvers, mais il y a encore du potentiel dans de nombreux endroits comme Ostende, Alost, Brasschaat ou même Tervuren. Les points de vente qui fonctionnent le mieux ne sont d’ailleurs pas forcément situés au centre-ville. Je pense aux magasins de Wemmel, Waterloo ou encore Stockel, qui sont parmi nos meilleurs magasins. Globalement, disons qu’il faut une ville avec une certaine concentration d’habitants, un certain pouvoir d’achat, des flux de travailleurs et de touristes, etc. Lorsque nous étudions une ville, nous entamons une étude de marché, nous évaluons le potentiel de clientèle et nous trouvons ensuite un bâtiment en centre-ville avec un certain caractère pour ensuite évaluer le développement d’un restaurant. Je pense que le plus difficile est souvent de trouver le profil idéal de franchisé.
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Le Pain Quotidien
De nouvelles chaines de boulangerie arrivent régulièrement sur le marché, parfois avec un certain succès. Comment faites-vous face à cette concurrence ?
Depuis la création du Pain Quotidien, en 1990, nous avons toujours préservés notre ADN, axé sur la qualité, la convivialité ou l’aspect nutrition santé. Nous avons une identité claire, avec notamment cette table en bois commune, imaginée par Alain Coumont, le fondateur. Notre profil type est plutôt féminin, avec un âge moyen entre 30 et 45 ans. Beaucoup de travailleurs viennent manger chez nous le midi. Nos deux temps forts sont le matin et le midi et notre enseigne est plutôt calibrée pour quelqu’un qui gagne correctement sa vie, car nous travaillons avec des produits de qualité. Je ne dis pas que nous n’avons pas eu de moments difficiles mais notre philosophie se distingue d’autres enseignes qui se développent sur le même créneau.
Quelles sont les grandes évolutions de consommation dans votre secteur ?
Premièrement, on peut dire que l’affluence dans des grandes villes comme Paris, Londres ou Amsterdam n’est plus la même. Il y a une baisse d’environ 20 % de fréquentation par rapport à l’avant-covid, baisse notamment due au manque de tourisme et au télétravail. Par ailleurs, toujours dans ces grandes villes, le marché est très concurrentiel. Par rapport aux tendances de consommation en général, il faut savoir que nous sommes toujours restés sur le thème du « healthy food «. Nous avons récemment sorti le pain au cannabis, le flat bread ou encore développé une gamme vegan, toutefois encore assez restreinte. Pour le développement produit, nous avons la chance d’être accompagné par Alain Coumont, le fondateur, qui a toujours été et est encore très visionnaire. Vous êtes aujourd’hui présents dans pas moins de vingt pays dans le monde.
Quelles sont vos perspectives de développement pour l’année 2024 ?
Le Pain Quotidien est présent avec pas moins de 230 points de vente sur les 20 pays où nous sommes présents. Notre ambition est d’ouvrir minimum trente points de vente par année, en nous développant dans de nouveaux pays. Nous restons toutefois prudents car nul n’est à l’abri de turbulences. Nous avons pas mal développé nos points de vente en Amérique du sud, avec le Brésil, l’Uruguay, l’Argentine, le Mexique, la Colombie et tout prochainement le Panama, le Paraguay et le Pérou. Nous sommes également présents aux Etats-Unis ou encore en Turquie. Pour l’avenir, nous visons également une expansion en Europe Centrale et dans les pays scandinaves. Pour sélectionner les pays, nous avons une liste de critères, notamment basés sur les revenus moyens de la population, les grandes villes ou la liste des concurrents. Contrairement à ce qu’on imagine, il est parfois plus facile de démarrer là où il y a déjà de la concurrence, car la population est déjà conscientisée grâce à l’offre déjà existante.
Source: Gondola