Delhaize veut franchiser tous ses magasins en propre

Une évolution logique, pas une révolution

Pour la Fédération Belge de la Franchise, Delhaize devait prendre une décision

Delhaize a annoncé mardi son intention de convertir en magasins indépendants les supermarchés dont il assurait encore la gestion. « Si les chiffres dont je dispose sont corrects, cela représente 128 magasins sur un total de 764, observe Michaël Rosin, Président de la Fédération Belge de la Franchise. Dans les faits, Delhaize est un habitué de la franchise depuis de nombreuses années. Sous les enseignes AD Delhaize, Proxy Delhaize ou Shop & Go, le groupe comptabilisait déjà 636 magasins gérés par des franchisés. Avec l’annonce d’hier, il va simplement au bout de sa logique. C’est donc une évolution, pas une révolution.« 

Risquer la fermeture ou franchiser?

Reste le côté impressionnant de l’annonce et les questions qu’elle pose au niveau de chaque magasin, pour son personnel, pour ses clients. « Je ne suis pas dans les secrets de Delhaize et je n’ai pas de vue sur leurs chiffres, indique Michaël Rosin, mais que se serait-il passé si le groupe n’avait rien fait? Le secteur de l’alimentation traverse une crise sans précédent… Entre le risque de fermeture d’un magasin et les questions qui entourent un changement d’approche, il fallait prendre des décisions. Ici, somme toute, elles sont logiques. La franchise a le vent en poupe. Nos études montrent qu’un magasin franchisé peut voir son chiffre d’affaires multiplié par deux ou parfois plus encore par rapport à ce qu’il était avant. Et tout semble indiquer que les 636 magasins franchisés du groupe Delhaize fonctionnent mieux que les 128 autres…« .

C’est le franchisé qui fait la différence

En s’affranchissant de ses magasins intégrés, Delhaize confirme en substance les atouts de la franchise et sa rentabilité même si les franchisés indépendants n’échappent pas non plus à la hausse des coûts d’exploitation liés à l’inflation, à l’indexation salariale et à la pression sur les marges. Aujourd’hui, en Belgique, la franchise représente 9.460 points de vente qui ont généré l’année dernière un chiffre d’affaires de 19,6 milliards d’euros. On observe aussi que les points de vente franchisés représentent 27% de l’ensemble du marché, et génèrent plus de 12% des emplois du secteur. « Un magasin franchisé ne fait pas face à une concurrence nationale, mais locale, souligne Michaël Rosin. C‘est tout à fait différent. Le franchisé détient une énorme responsabilité. C’est lui qui est à la manœuvre. Alors, on peut avoir différents profils aux commandes. L’un va mettre l’accent sur le service, l’autre sur une offre 5 étoiles, un troisième sur l’optimisation des coûts,… Ces raisonnements différents se traduiront, selon la localisation, la clientèle et le personnel, par des résultats qui le seront aussi. Donc, pour le franchisé qui réussira à dynamiser son supermarché et à en augmenter le chiffre d’affaires et la rentabilité, le passage de magasin intégré à franchisé peut tout à fait maintenir, voire entraîner une légère hausse du nombre d’emplois dans ce point de vente« .