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Presse

Les employés d’un magasin franchisé ne sont pas désavantagés par rapport aux supermarchés indépendants

Delhaize franchise

Qu’adviendra-t-il des quelque 9.000 employés des 128 supermarchés Delhaize intégrés le jour où ceux-ci seront franchisés ? Si l’on en croit la direction, rien ne changera pour eux.

Le 7 mars 2023, la direction de Delhaize a fait voler en éclats un modèle assis sur 155 ans d’histoire. En annonçant son intention de franchiser ses 128 supermarchés intégrés, le retailer va se délester par la même occasion de quelque 9.000 membres de sa ‘famille’, qui en compte aujourd’hui environ 17.000. Suivant la direction de l’enseigne au lion, rien (ou presque) ne changera pour eux. Tous les collaborateurs des supermarchés ayant un contrat avec Delhaize garderont leur emploi et l’ensemble de leurs conditions salariales et de travail actuelles, a-t-elle assuré en substance.

Qu’en est-il du commission paritaire

Après le passage sous franchise, les collaborateurs de Delhaize devraient soit demeurer au sein de cette même CP 202, soit intégrer la CP 202.01. Cela dépendra du franchisé et du nombre de points de vente qu’il aura en gestion. La possibilité de voir des travailleurs se retrouver dans la CP 201 est par contre bien plus improbable puisque celle-ci concerne les commerces alimentaires indépendants de moins de 20 travailleurs, ce qui est très peu dans le cadre d’un supermarché. Dès lors, quelles différences majeures y a-t-il entre les CP 202 et 202.01 ? En ce qui concerne le temps de travail, il est de 35 heures par semaine dans la première et de 36,5 heures dans la seconde. Dans la CP 202, les travailleurs peuvent prester un maximum de 5 jours sur la semaine, tandis que dans la CP 202.01, cela peut aller jusqu’à 6. Le travail tardif est lui rémunéré à hauteur de + 40% dès 18h dans la 202 et de + 25% à partir de 19h dans la 202.01. Enfin, le travail presté le week-end est compensé de + 75% dans la première commission paritaire et de + 100% (+ 50% en cas d’absence de comité d’entreprise ou de délégation syndicale) dans la seconde. Et la liste des différences continue…

“Les travailleurs de Delhaize ne vont pas être abandonnés en rase campagne”

“Il est clair que la flexibilité est plus importante dans les petits commerces, notamment en termes de fonction”, note Matthieu Dewèvre, conseiller ‘affaires sociales’ pour l’UCM. “C’est souvent le cas dans les structures de type franchisé, où les gens font un peu de tout. Mais c’est, je pense, à l’avantage des deux parties. Les collaborateurs ont ainsi un travail plus diversifié, et du coup sans doute plus intéressant. Et en ce qui concerne le temps de travail, c’est sûr qu’il n’est pas réglé exactement de la même façon. Ce sont des accords qui ont été conclus entre organisations patronales et syndicales. Mais si cela finit par poser problème, il suffira de conclure  de nouveaux accords au travers de nouvelles négociations”, explique par ailleurs l’expert. “Malheureusement, il y a une sorte de discours ambiant diffusé par les syndicats qui compare la franchise, et même tous les régimes d’intermédiation commerciale, à une sorte d’esclavagisme moderne”, déplore-t-il. “Nous en sommes pourtant très loin. Ce sont des commissions paritaires qui fonctionnent, qui concluent des accords, et d’ailleurs de bons accords, qui ont des barèmes, des règlementations sur le temps de travail, etc. Dire que les travailleurs de Delhaize vont être abandonnés en rase campagne, ce n’est absolument pas vrai.” Rien n’interdit à un indépendant – franchisé- de se montrer… plus généreux que la commission paritaire 202.01 dont il dépend.

Des garanties, mais…

Matthieu Dewèvre est catégorique, les promesses de Delhaize selon lesquelles ses futurs ex-collaborateurs conserveront l’ensemble de leurs conditions salariales et de travail sont tout à fait crédibles. “Le franchisé n’a pas le choix, il doit reprendre tout le monde aux mêmes conditions, y compris avec les avantages négociés en interne dans leurs conditions contractuelles”, résume le conseiller de l’UCM. Si dans un premier temps les employés transférés seront bel et bien protégés, il pourrait en aller autrement dans un second temps. Rien n’empêche cependant un repreneur de se restructurer dans un second temps. “Ce n’est pas exclu, mais il me parait toutefois improbable que l’on assiste à une vague de licenciements massifs l’année suivant le transfert des anciens collaborateurs des Delhaize intégrés”, rassure Matthieu Dewèvre. Néanmoins, avec des conditions contractuelles avantageuses par rapport aux nouveaux entrants qui coûtent globalement moins cher à l’employeur, on ne peut exclure la possibilité de voir, au cours des années à venir, les anciens des magasins intégrés être progressivement poussés vers la sortie…

Source : Gondola